Le bon réglage des cales : un truc complexe ?

Les cales SPD Road de Shimano

Si les pédales automatiques, qui permettent de fixer le pied à la pédale, se sont imposées dans les pelotons depuis leur invention en 1984, c’est parce qu’elles ont permis de considérablement améliorer les performances des cyclistes notamment en assurant une meilleure transmission des forces entre le cycliste et sa machine.

Il y a ainsi consensus sur le fait que l’utilisation des pédales automatiques permet de mieux tracter la pédale pendant la phase « retour » (Mornieux & Stapelfeldt, 2012) et une augmentation de la production de puissance mécanique en sprint (Hintzy et al., 1999 ; Burns & Kram, 2020).

Il reste que le fait de fixer le pied à la pédale peut aussi être à l’origine de blessures des membres inférieurs du fait de la répétition des flexions/extensions du genou, de la cheville et de la hanche (e.g. Holmes et al., 1994 ; Gregor & Wheeler, 1994 ; Delacroix et al., 2009 ; Bini, Hume & Croft, 2011).

Selon ces mêmes auteurs, 25% des cyclistes seraient ainsi affectés soit par des douleurs antérieures du genou, des tendinites rotuliennes, des syndromes de la bandelette iliotibiale ou des entorses du ligament collatéral.

De ce fait, le réglage de la position de la cale sous la chaussure apparaît crucial à la fois pour éviter les pathologies et permettre au cycliste d’exprimer tout son potentiel de force (Ruby et al.,1992 ; Grappe, 2009 ; Silberman et al., 2005).

25% des cyclistes souffriraient de douleurs au genou

La complexité du sujet se révèle quand on prend en considération les possibilités de réglages offertes tant par les chaussures de cyclisme actuelles que par le couple cales/pédales :

  • Dans l’axe antério-postérieur (d’avant en arrière) ;
  • Dans l’axe médio-latéral (à l’intérieur ou à l’extérieur du pieds) ;
  • Selon l’orientation du pieds.

Nous aborderons ce sujet à travers plusieurs articles, le premier étant consacré au réglage antéro-postérieur (ie d’avant en arrière).

En effet, même si tous les auteurs se rejoignent pour considérer que ce point est essentiel, c’est la récente thèse de Geoffrey MILLOUR (Geoffrey Millour, 2020 «Optimisation de la position en cyclisme et en triathlon par une approche systémique de la performance pour des individus de diverses morphologies») qui pour la première fois a évalué l’impact d’un faible déplacement (<20 mm) de la position des cales sur les variables physiologiques lors d’un exercice sous maximal et sur la performance dans le sprint en cyclisme.

Pour replacer ces travaux dans leur contexte historique, précisons que :

  • Le positionnement de la cale de façon à placer le 1er métatarse dans l’axe de la pédale, qui est la position de référence depuis 1998 (De Vey Mestdagh, 1998 ; Silberman et al., 2005), faisait consensus jusqu’à présent tout en ne relevant que d’une approche pragmatique, sans réelle validation scientifique ;
  • Deux études (Paton & Jardine 2012 ; Vicker et Richardson, 2013) ont mis en évidence qu’un positionnement de la cale au milieu du pieds (ie sous l’articulation tarso-metatarsienne), soit avec 5 cm de recul, améliorait la performance des triathlètes lors de la course à pied qui suit leur effort sur le vélo.
  • Plus récemment encore, plusieurs auteurs plaidaient pour un placement de l’axe de la pédale légèrement reculé, à mi-chemin entre le 1er métatarse et le 5ème métatarse (FitzGibbon et al., 2016 ; Burt 2014), cette préconisation n’étant toutefois pas davantage étayée scientifiquement.

Au final, les travaux de Geoffrey MILLOUR permettent de démontrer qu’un placement de la cale reculé de 5mm par rapport à la tête du 1er métatarse, permet de diminuer le recrutement de certains muscles impliqués dans le geste du pédalage, en particulier le soléaire (le muscle du mollet) et donc de diminuer le coût énergétique du pédalage.

S’agissant plus particulièrement des triathlètes, il a également été démontré que :

  • L’utilisation d’une position postérieure des cales lors de la partie cycliste pouvait améliorer la performance pendant la course à pied subséquente au cours d’un triathlon ;
  • Le coût énergétique du geste de pédalage est significativement plus faible quand la cale est reculée de 5 mm.
Le bon réglage des cales de vélo : entre le 1er et le 5ème métatarse

Chez Cyclotraining, notre démarche s’appuie sur l’état de l’art en la matière dans le souci d’une mise à jour régulière de nos connaissances.

Ainsi quand vous venez réaliser une étude posturale chez nous, le réglage des cales est le premier point de contrôle vous pouvez cependant aussi solliciter notre expertise pour vous assurer que vos cales sont bien réglées, ou pour régler les cales de votre seconde paire de chaussure à l’identique de la première.

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